Le dessinateur Jean Auguste Dominique Ingres

by Vincent, 20 février 2021

Il faut voir le dessin comme une peinture.

Le peintre néo-classique du XIX siècle Ingres m’impressionne, c’est un homme sûr de lui, décrivant avec précision ses modèles, il rend hommage à l’histoire Antique, une esthétique avec ces sujets et ses mythes fondateurs, hommage – une dernière fois – de la Royauté. Le style de l’époque sera tout à la fois, dans tous les styles du passé. La formule c’est l’Académique, les manufactures se mécanisent et l’industrie va naître. Pourtant il y a de la modernité chez ce peintre (c’est assez difficile à soutenir comme thèse, tant par les sujets que par les commandes). C’est cela qui me plaît, le voir comme un moderne qui se cache,  je vois quelques entorses aux bonnes manières, aux styles officiels.

Ces dessins nous montrent un schéma de construction orthonormé, la mise au carreau est souvent là, pas comme un nombre d’or mais comme un rythme binaire. Un tracé qui permet de donner aux assistants la commande du châssis, ou de transformer l’essai en réplique la plus exacte. Il a était un peintre de décor mural.

Le trait est clair, comme la ligne d’un auteur de bande dessiné, il réalise une esquisse avec ses appuis ombrés qui passent assez vite du contour à l’ombre, peu d’estompe, du hachurage net, pas de techniques secrètes, tout à l’air simple et détaché de toute souffrance. Le dessin s’arrête même alors que l’on aimerai le voir fini. Cette inachèvement montre sa dextérité, c’est une épreuve pour valider l’idée. Dans cette esquisse l’Odalisque sur son lit nous montre son dos, le sein se tourne presque de trois quart, comme un portrait, la main court sur la jambe et une autre se dessine, on ne gomme pas chez Ingres, le repenti n’existe pas, ce n’est pas une variation c’est comme un refrain qui relance la chanson et vient couronner le succès. L’absence de la tête renforce le sujet, c’est le dos qui nous fait face. Tout est dit, 2 dessins confirment l’idée.

Sa recherche nous montre que chaque trait peut être juste, les différentes poses de ses nus sont toutes possibles, la femme à 4 bras. C’est déjà un des codes de la bande dessinés pour exprimer le mouvement, tout est juste dans son esquisse. C’est net chez Ingres. Tellement net, que l’on oublie que cette femme a quelques vertèbres en plus, que le dos se contorsionne…

C’est un dessinateur du vrai qui peint quelques mensonges. Ce sont des visages d’une éternelle jeunesse, un portrait qui ne vieilli pas, des rondeurs d’enfant jésus, des rondeurs, des visages éternels, des apparitions, des poses, des mannequins qui sont presque passés par la retouche numérique. Ingres est un dessinateur de la comédie humaine, un instant éternel sur du papier.

Les images sont en liens sur le site internet du Louvre
Les collections du départements du Louvre

1 Comment


    • Appolonix
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    • février 22, 2021

    Au cours de l'histoire et des civilisations, le rêve a été un moyen de s'affranchir du temps et de l'espace ordinaire, pour accéder au surnaturel, aux ancêtres, au divin, ou encore comme un moyen de guérison, de connaissance et de révélation, Les dessins de Ingres sont des rêves.

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