Après mon travail de designer, je rentre à la maison. Il se fait tard et le travail est terminé. Mais maintenant j’ai le temps. Ce temps qui m’a manqué, quand j’avais trop de temps et pas assez de travail. Il faut s’asseoir et commencer sans réfléchir, sans savoir si c’est ce qu’il faut faire. On apprendra en marchant on découvrira la chanson en chantant…
C’est un corps qui apparaît, celui d’une femme qui depuis quelques jours perd sa poitrine pour devenir un homme. Finalement c’est très proche un homme, une femme, car en dessin on peut passer de l’un à l’autre. Je commence toujours pareil, la tête, -qui ne me plait jamais- j’ai déjà peur des yeux, alors je précise le nez et je remonte pour trouver l’arcade du sourcil. L’œil est un point mais sans expression, il n’y a pas de regards. J’aimerai déjà tout dire mais c’est presque rien sur le papier, je pense aux autres dessinateurs qui savent tout faire, tout de suite, la réalité du vrai, une bouche qui sourie, un œil qui frétille alors que le corps n’existe pas. Je n’en suis pas là mais je pense aux autres qui dessinent, cela m’encombre peut-être. Je dessine avec un crayon, mine de plomb. Je trouve que je fais trop de traits mais j’aime chercher, j’aime apprendre, même si les autres, j’en suis sûre savent quoi faire en dessins.
Parfois les visages m’encombrent et depuis peu, je les ai remplacés par des animaux, j’avais commencé à dessiner des chats, je n’en ai pas, c’est plus dur d’imagination un chat, essayez… je trouvais que c’était des Tigres, j’ai transformé la tête des humains en animal, les femmes sont devenues sauvages. ça me plaît. Parfois sur un corps trop grand, j’ai trop « grandi » en cherchant un nombril, oubliant d’attacher au bon endroit les bras, j’efface en dessinant un autre personnage sur le corps d’un autre, comme si un homme portait un autre. On dirait une naissance, un homme dans un homme. Je change plusieurs fois de visages, les yeux sont difficiles, je ne sais pas les imaginer, ils regardent dans le vide…
J’aime faire des plantes, c’est pour moi facile, la nature se stylise assez vite et je me trouve plus vaillant que pour les visages. Je l’ai effacerai pas la suite, un coup de gomme, des feuilles deviendrons des jambes.
L’architecture fait un décor, les femmes et les hommes volaient comme des Dieux, alors je pense être dans un musée, je dessine le passé, un truc qui c’est passé, nous sommes dans l’antiquité. Par la magie d’une colonne je fais un temple, une corniche ou une voûte fait toute une ville. Je place un cheval, comme pour dire la force et le pouvoir. J’accessoirise la pose. Avec des morceaux je fais un grand ensemble, j’évoque, je me surprends à côtoyer des scènes mythologiques. je cherche des indices, je raconte une grande histoire. Je suis écrivain aussi.
Souvent j’arrête car la fatigue est là, j’ai joué un peu ce soir, la page est remplie, je laisse des blancs, demain je trouverais la raison de ce dessin, je poursuivrais un autre dessin. Et je sais qu’avec le temps ces images peuvent devenir de beaux dessins. Je l’ai fait.